OMU 2012/2014 (extrait)

La série se compose de 80 diptyques.

Nous pourrions tous être modèles pour la série OMU. Parce que nous sommes tous un échantillon du beau, de l’humain et du charnel. De même, tout grain de peau est par essence photogénique. Or s’il est question de génétique ici, c’est de celle du genre (humain) tout autant que de celle de la genèse (sexuée). Comment alors, témoigner de cette identité charnelle sans cesse changeante ?
La force du cadrage est de se mettre au service d’une esthétique du fragment. A défaut de pouvoir faire figurer l’infinie diversité des corps, la bichromie élève les espèces au genre. Fragmentés et fissurés, les hommes n’en sont pas moins uniques, de par cette dualité même : force et faiblesse. La dissection n’est qu’apparence, car le genre humain est dévoilé sous l’espèce fascinante du mâle, elle-même si diverse ; or notre corps en général et en particulier notre peau sont un lieu de partage, avec le monde et avec les autres ; et c’est en conséquence de la peau qu’il faut partir.
La chair est partage et passage. Fort, le corps s’acharne à vivre, à vouloir, à aimer. Faible, il souffre, crie et puis meurt. Il est dual : force de vie et peur de voir. Les mains voient pour les yeux clos. Le noir et blanc atténue l’intransigeance de cette cassure, car les forces et faiblesses du corps s’y donnent à voir moins crues.
Quand elle fait miroiter la peau, la photographie détaille l’infinité. Tissus et phanères, dermes et poils, veines et artères ne sont rien de moins que des amas de cellules, entassant elles-mêmes en leur sein la vie. La mise en abyme nous plonge immédiatement dans l’empire de la chair.

Damien Poublanc